17 décembre 2006

Tony Scott : la rage et le style

Il est le frère du plus connu et plus épique Ridley Scott. Sans vraiment être dans l'ombre, Tony ne bénéficie pas franchement de l'engouement public dont bénéficie son frère qui jouit d'un bien plus grand culte avec des films comme ALIEN, BLADE RUNNER ou GLADIATOR. Car le grand truc de Ridley, c'est les batailles dantesques, les grandes fresques épiques et forçément les gros cartons au box-office.

Au contraire, Tony Scott préfère les thrillers contemporains, la grosse violence bien grasse, les fusillades qui éclaboussent et les images qui sentent le soufre. Car le pépère, pas de toute jeunesse non plus (62 ans au compteur), est un pur esthéte qui fait de chaque film le terrain de ses expérimentations.

Certes, Scott reste très connu pour sa collaboration avec le producteur Jerry Bruckheimer (6 films sur 14) et ses quelques gros succès très commerciaux comme TOP GUN (1986), LE FLIC DE BEVERLY HILLS 2 (1987), JOURS DE TONNERRE (1990) ou ENNEMI D'ETAT (1998). Pas franchement de quoi à discussion. Sauf que... Le sous-texte gay de TOP GUN a été confirmé (ce qui rend le film bien plus intéressant sous cet angle !), que LE FLIC DE BEVERLY HILLS 2 est le meilleur, le plus sombre et largement le plus violent de la trilogie et que ENNEMI D'ETAT est un modèle d'efficacité et de divertissement.

En plus, Tony Scott a tendance à agacer avec sa violence ultra stylisée et épileptique mais l'homme a révolutionné le cinéma d'action dans les années 80 et offert des films hollywoodiens carrément PUNK dans les années 2000. D'où l'admiration sans bornes d'un certain Q. Tarantino pour Scott et ses films...

Petit inventaire de ses meilleurs films !

LE DERNIER SAMARITAIN
Un film méprisé et dénigré qui reste pourtant un modèle de film d'action avec un duo super improbable mais super efficace : un flic alcoolique (Bruce Willis) et une star du foot (Damon Wayans). Tony Scott y montre un L.A. crepusculaire rongée par la corruption, la violence (une fusillade en pleine rue voit Halle Berry se faire dézinguer !), l'alcool, le sexe... Des dialogues carrément jubilatoires (signé par Shane Black également réalisateur de KISS KISS BANG BANG) de la part d'un Bruce Willis cynique et au sommet de son art dans la nonchalance et des scènes d'action brutales et sauvages. Une pure série B du début des années 90 !

TRUE ROMANCE
Les mots de Tarantino, le fan, avec l'esthétique de Scott, le mentor. Cela donne un road-movie qui mêle hommage appuyé à Bonnie & Clyde, entre histoire d'amour passionnée entre deux marginaux attachants et violence massive, et évidemment références à tous les cinémas d'exploitation qu'affectionne Tarantino. Les seconds rôles sont énormes (Gary Oldman en tueur junkie, Brad Pitt en branleur défoncé...) et la fusillade finale est d'anthologie (et reproduite quasi à l'identique par Scott lui-même dans ENNEMI D'ETAT).

SPY GAME
La rencontre au sommet de Robert Redford (le mentor) et Brad Pitt (le rookie) dans un film d'espionnage à haute teneur en suspense. Le film marque un changement assez radical dans la carrière de Scott : L'esthétique est encore plus affirmée et l'émotion pointe le bout de son nez (notamment grâce au début de la collaboration avec le compositeur Harry Gregson-Williams).

MAN ON FIRE
Le meilleur film de Tony Scott. Il pousse à son paroxysme les expérimentations de SPY GAME et délivre un film d'une violence inouie transcendée par une mise en scène epileptique qui en a rebutté beaucoup. Mais les explosions de rage et la barbarie du personnage de Denzel Washington (son acteur fétiche) en deviennent quasi-insoutenables. Le final est d'une beauté eblouissante. Entre brutalité, émotion et style.

DOMINO
DOMINO ne respecte rien. Sans contraintes des studios hollywoodiens, Tony Scott livre un véritable film PUNK sur la violence de la société médiatique à travers une petite fille de riches ancien top-model (Keira Knightley) devenant chasseuse de primes et se frottant à la pire crasse du monde. Bourré de seconds rôles énormes (Mena Suvari, Mickey Rourke, Christopher Walken, Brian Austin Green et Ian Ziering de "Beverly Hills"...), DOMINO pousse à son paroxysme la violence romantique de MAN ON FIRE dans un grand déluge de scènes choc, de références jubilatoires, d'ésthétique baroque et trash et de poésie macabre.

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